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Il s’investit notamment dans de riches echanges au sein du College de Pataphysique, aux cotes de Ionesco, Prevert, Sine, Paul-Emile Victor, Dubuffet, Queneau, Michel Leiris ou Max Ernst.
Parallelement, son roman J’irai cracher sur vos tombes doit faire l’objet d’une adaptation pour le cinema, ce qui va engendrer toutes sortes de problemes. Sa fatigue est immense car il ne se menage pas et sa maladie cardiaque, qu’il a neglige de traiter ces dernieres annees a raison de ses dernieres forces ; pourtant, il accepte un poste a la direction artistique de Philips. Mais en 1956 puis en 1957, il est victime d’?demes pulmonaires dont il ressort chaque fois plus diminue.
Alors, couche ou assis, il continue d’ecrire chansons, comedies, accepte encore des traductions, notamment L’homme au bras d’or de Nelson Algren. Faire la traduction de ce chef d’?uvre, qui allait etre porte bientot a l’ecran avec Franck Sinatra dans le role principal, etait un grand signe de reconnaissance car Nelson Algren fut l’amant de Simone de Beauvoir, et c’est elle qui demanda a Gallimard que ce soit Boris Vian qui entreprenne ce travail. Et deux autres propositions le ravissent : traduire la seconde partie des Joueurs des non-A de A.E. Van Vogt et revoir le livret du Chevalier de Neige , pour plusieurs representations programmees a l’Opera de Nancy.
Si le monde de la litterature tourne le dos a Boris Vian, le monde musical le plebiscite encore et encore. Pourtant il avoue un soir a Magali Noel combien il a mal de ne pas avoir ete reconnu comme un « vrai » ecrivain pour son Ecume des Jours .
Cette periode ou il est malade lui donne a penser qu’il ne reprendra pas son rythme de directeur artistique, malgre l’allechante proposition de son ami Eddie Barclay. Et puis, il doit terminer l’amenagement de l’appartement qu’il occupe avec Ursula sur le toit du Moulin Rouge, ce qu’il fait autant que possible sous l’?il impassible de son chat Busy von Roche-dragon.
Jusqu’a son dernier souffle, en 1959, il noircit carnets et feuilles volantes et songe de plus en plus a ecrire a nouveau un livret d’opera. Apres tout, l’un des seuls vrais grands succes qu’il remporta fut la representation en 1953 a Caen puis en 1957 a Nancy d’un opera, Le chevalier de Neige , en collaboration avec le jeune compositeur Georges Delerue.
Il laisse sur son bureau le 23 juin 1959 une ebauche d’opera intitule Le Mercenaire et quelques traductions de chansons americaines sur lesquelles il travaillait. Ursula n’a pas encore decouvert les poemes de Je voudrais pas crever et nombre de nouvelles, chroniques, romans inacheves, arguments de ballets, traductions et chansons sont ranges sur ses etageres en attendant un jour meilleur.
Percu comme incontrolable, unique en son genre mais sans genre precis, homme sans compromis avec un zeste d’ironie, il continue pourtant sur sa trajectoire, laissant derriere lui une trace indelebile qui est parvenue jusqu’a nous puisque ses ecrits sont enseignes dans les livres scolaires.
Pour Boris Vian, peu importe le genre pourvu qu’il ecrive. S’interessant a tout, il souhaite, avant tout, rester un amateur eclaire et son ?uvre est riche de sujets varies. Pourtant dans toute son ?uvre emergent la cruaute et la mort ; il ecrit a de nombreuses reprises et sous differentes formes son rejet de la guerre. Il reve d’une societe ou l’humain n’aurait qu’a creer et se cultiver pendant que les robots travailleraient pour lui. Son ?uvre, avec son caractere jubilatoire qu’offre la jeunesse, mais egalement la distance creee par l’imaginaire debordant et tonique de Vian fait de ses ecrits un album de photos noir et blanc tres contrastees ou parfois une palette multicolore vous saute au visage.